Les TICs et l’écologie

4 Oct. 2024

Introduction

En 2018, des publications du CNRS estiment que l’ensemble des technologies numériques (ordinateurs, télévisions, centres de données, réseaux…) consomment 10% de l’électricité mondiale (avec une progression record de 8% par année). Ce nombre est exponentiel et beaucoup estiment que d’ici peu de temps, les TICs seront le plus grand consommateur d’énergie au monde, dépassant même le secteur des transports. Ceci est d’autant plus vrai depuis la crise du COVID-19, qui a vu la consommation numérique augmenter très nettement alors que les transports se sont réduits drastiquement.

Consommation

La consommation des TICs se décompose en 4 branches: 50% est lors de la fabrication, 17% est lors de l’utilisation des appareils personnels, 17% pour l’infrastructure réseau et 16% par les centres de données.

La fabrication est donc de loin le domaine de consommation et donc de pollution le plus important. La fabrication inclue évidemment l’extraction des matériaux (métaux, terres rares, …) et les transports.

Pollution

La pollution des TICs concernent plusieurs domaines, évidemment les GES (Gaz à Effet de Serre), mais aussi la pollution des sols, de l’eau, l’effondrement de la biodiversité, …

Pour les GES on estime que les TICs sont responsable de 4% des émissions totales de la planète. En 2013 les GES produits par les TICs étaient équivalent au secteur de l’aviation et des projections prédisent que si l’augmentation de la consommation des TICs continue avec la même progression, en 2025 le secteur sera aussi émetteur de CO2 que le secteur de l’automobile.

Dans un smartphone ou une télévision connectée, il faut ~45 métaux différents pour la fabrication, alors qu’il en fallait nettement moins pour une télévision cathodique, cela complexifie clairement la production des nouveaux appareils et donc augmente la pollution lié à cette fabrication, mais augmente également les problèmes d’approvisionnement et de déchets.

La pollution n’est pas le seul problème de l’extraction de ses métaux, la rubrique sur les minerais du sang explique les points éthique et politique des problèmes que cela engendre.

Déchets

Les déchets électroniques (qui intègre également les aspirateurs, les sèches-cheveux, les grille-pains, …) sont généralement dangereux car très polluants. Ils étaient de 45 millions de tonnes en 2016 et en 2021 ils devraient monter à 57 millions de tonnes.

Seul 20% du poids total des déchets sont traités dans des filières connus (ce qui ne veut pas forcément dire que tous le reste est mal traités, mais on n’a aucune informations sur ce point) et parmi les rares entreprises capable de traités ces déchets (ex. UMICORE), seul 3% des matériaux peuvent être recyclés. Même si des solutions se profilent vaguement (ex le recyclage par des bactéries), rien n’est actuellement satisfaisant dans ce domaine, et de très loin.

Obsolescence programmée

Comme décrit plus haut, la fabrication des appareils est de loin la branche la plus polluante des TICs et dans ce secteurs, les plus grands acteurs mondiaux s’en donnent à cœur joie. Par exemple Apple est l’un des champions du monde de l’obsolescence programmée (impossibilité de réparer des appareils, obsolescence des systèmes d’exploitations) et également du Green Waching, mais les autres acteurs n’en sont pas en reste (ex Microsoft avec Windows 11).

Les TICs peuvent-ils être une solution?

Oui dans certains cas et à condition de bien les utiliser

Certaines pratiques numériques peuvent réduire la pollution engendré par un secteur ou par une pratique. Par exemple les factures envoyées par courrier électronique sont moins polluantes que les factures envoyées par courrier postale, mais si le destinataire imprime cette facture une fois reçue, le bilan écologique s’inverse.

Le problème des effets rebonds

Les effets rebonds caractérisent les effets pervers et paradoxaux des progrès technologiques qui devraient permettre une réduction de la consommation, mais qui au contraire l’augmente.

Exemples:

  • L’informatique devrait permettre de diminuer les impressions papiers, pourtant la production et la consommation de papiers continue d’augmenter.
  • Les sites de partage de véhicule devraient permettre une diminution de la fabrication de véhicules, mais au final ce partage favorise certains trajets qui se s’effectueraient normalement pas (ex on profite du partage d’une voiture pour aller dans le sud du pays, alors qu’en temps normal on se serait abstenu).
  • Les achats de voiture électriques (qui rappelons-le ne sont pas écologiques mais simplement moins polluantes) donnent bonne conscience à une certaine population, qui finalement prendra moins le train pour leurs déplacements.

Les effets rebonds des TICs peuvent aussi se répercuter sur la santé. Par exemple la myopie à doublé ces dernières années et touche maintenant 50% des plus jeunes.

Conclusions

Le plus important pour limiter l’impact écologique des TICs est donc d’augmenter par tous les moyens la durée de vie des appareils et réduire leurs multiplications. Ceci peut se concrétiser par plusieurs actions précises:

  • Réparer les appareils par tous les moyens au lieu de les remplacer.
  • Acheter des appareils plus écologique (Fairphone) et plus modulaires (Fairphone, Why Open Computing) afin de pouvoir les réparer facilement et encourager ce concept.
  • Utiliser des systèmes d’exploitations et des applications qui ne présentent pas d’obsolescence programmée (logiciels libres), afin de pouvoir augmenter la durée de vie des appareils.
  • Opter pour une sobriété numérique et bien se poser la question de l’utilité de se procurer un nouvel appareil et également de bannir (dans presque tous les cas) tout le secteur de la domotique (électronique domestique connectée).

Sources principale :

Ecoinfo: https://ecoinfo.cnrs.fr, Conférence de Françoise Berthoud du 16 mars 2018

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